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LES CHOSES QUI S’EN VONT

sance n’a pas surpassées. Je crois reconnaître ici, l’un des contemporains de Pinturicchio, ou tout au moins, un peintre de son école qui a laissé à l’Italie d’inestimables tryptiques et des fresques merveilleuses encadrées de ces « histoires » pour lesquelles les critiques d’art ont créé la délicieuse expression qui caractérise leur beauté : c’est la « sublime du joli. »

Sous un ciel doré de lueurs roussâtres, un écran de rochers bizarres fait masse, au flanc duquel s’accroche, comme un nid de martinets, un couvent, entouré d’arbres frêles, peu feuillus, si chers au Pérugin. Dans une perspective étonnante de profondeur, un troupeau que garde un berger coiffé du chapeau en cloche des chasseurs alpins. Au milieu du tableau, mais à gauche, débouche une route, en marge de laquelle se dresse, ou plutôt s’écrase, une clôture que recouvrent à demi les buissons en fleurs.

Au premier plan, appuyé à cette clôture, la tête nimbée de l’auréole du capuce, la bouche pure et les yeux naïfs —