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L’Été fécond chantait ses sauvages amours.
Du Sud à l’Aquilon, du Couchant à l’Aurore,
Toute l’immensité semblait garder encore
La majesté des premiers jours.

Travail mystérieux ! les rochers aux fronts chauves,
Les pampas, les bayous, les bois, les antres fauves,
Tout semblait tressaillir sous un souffle effréné ;
On sentait palpiter les solitudes mornes,
Comme au jour où vibra, dans l’espace sans bornes,
L’hymne du monde nouveau-né.

L’Inconnu trônait là dans sa grandeur première.
Splendide, et tacheté d’ombres et de lumière,
Comme un reptile immense au soleil engourdi,
Le veux Meschacébé, vierge encor de servage,
Déployait ses anneaux de rivage en rivage
Jusques aux golfes du Midi.

Écharpe de Titan sur le globe enroulée,
Le grand fleuve épanchait sa nappe immaculée