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Des cris de joie après le vol des oriflammes,
Le clairon, les obus et le tambour battant !…
Si comme l’être humain les arbres ont des âmes,
Ô grand mort n’es-tu pas content ?

Pour moi, quand, de l’antique enclos des ursulines,
Pour la première fois, tout ému, j’entendis
Monter ces voix d’enfants, fraîches et cristallines
Comme un écho du paradis,

Soudain, sous les arceaux dépouillés du vieux frêne,
Longue chaîne héroïque évoquée à la fois,
Mes regards crurent voir passer l’ombre sereine
Des saintes femmes d’autrefois !

De nos martyrs chrétiens immortelles rivales,
Par tous les dévoûments grands cœurs fanatisés,
Que la France d’alors jetait sans intervalles
Sur ces bords incivilisés !