Page:Fréchette - Poésies choisies, I, 1908.djvu/147

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les bois de ses hurlement sourds.
C’est dans ce gouffre affreux que luit la délivrance !...
Si ce n’est le salut, c’est au moins l’espérance.
Mais l’abîme franchi, le problème renaît ;
Les cruels Iroquois, dont l’esprit se connaît
En ruse de combats, d’espaces en espaces
Se sont échelonnés et surveillent les passes.
Il faut ici quelqu’un pour tromper l’ennemi.
Il faut absolument qu’on choisisse parmi
Tous ces désespérés un homme qui consente
À couvrir de son corps la terrible descente :
Qui se dévouera ? ― Moi, dit simplement Cadieux.

Le temps presse. On se fait de rapides adieux.
Les canots sont parés ; on invoque la Vierge ;
Et, tandis que Cadieux, qui remonte la berge,
Jette un coup de fusil aux cent échos du soir,
On lance les canots dans le tourbillon noir.