Page:Fréchette - Poésies choisies, I, 1908.djvu/156

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Et, porteur d’un message insolent dont l’adresse
Ne dissimulait point l’orgueilleuse teneur,
S’était fait introduire auprès du gouverneur.
Celui-ci, digne et grand comme un guerrier de Troie,
Calme, avait répliqué :

                            ― Dites à qui vous envoie
― Pas besoin, n’est-ce pas, d’en faire un parchemin ―
Que mes canons français lui répondront demain ! ―

Et Phipps de ses vaisseaux, Québec de ses murailles,
Échangeaient acharnés des trombes de mitrailles.

C’était un imposant spectacle en son horreur.
Le bronze inconscient, comme pris de fureur,
Dans ce cirque bordé de forêts séculaires,
Semblait de l’âme humaine emprunter les colères.
Tandis que l’assiégeant, de ces boulets rougis,
Démantelait les murs, éventrait les logis,
Et menaçait enfin de tout réduire en poudre,
La faible garnison, tonnant comme la foudre,
Criblait les lourds vaisseaux jusqu’à leur flottaison.
Enfermée au milieu de ce vaste horizon
De grands rochers à pic, de gorges ténébreuses,