Page:Fréchette - Poésies choisies, I, 1908.djvu/186

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S’abîme en pleine mer avec ses matelots
Comme un soleil sanglant qui plonge dans les flots,
Cela semble un feuillet de la légende antique.
Le drame est saisissant ! Pour scène l’Atlantique ;
Pour décor l’horizon des mornes océans ;
Pour acteurs ces trois-ponts avec leurs mâts géants,
Lançant à plein sabords la mitraille et la bombe ;
Et, penché sur le gouffre où descend l’hécatombe,
Toujours fier d’assister à ces chocs surhumains,
Pour spectateurs, un monde au loin battant des mains !

Ton sort fut plus modeste, ô ma pauvre Atalante !
Ce n’est pas une mer que ta chute ensanglante ;
Nulle armée en tes flancs étroits ne s’engloutit ;
Un théâtre moins vaste, un cadre plus petit
Donnèrent un éclat moindre à ta fin stoïque ;
Mais qui dira lequel est le plus héroïque
― Quels que soient les échos qu’ils aient fait retentir ―
Du grand homme mourant ou de l’obscur martyr ?

On touchait à la fin de la lutte sans trêve.
Er pave fulgurante échouée