Page:Fréchette - Poésies choisies, I, 1908.djvu/210

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Ce fut un coup mortel, un long déchirement,
Quand ce peuple entendit avec effarement,
― Lui qui tenait enfin la victoire suprême, ―
Par un nouveau forfait souillant son diadème,
Le roi de France dire aux Saxons : ― Prenez-les !
Ma gloire n’en a plus besoin ; qu’ils soient Anglais !

Ô Lorraine ! ô Strasbourg ! si belles et si grandes,
Vous, c’est le sort au moins qui vous fit allemandes !

Des bords du Saint-Laurent, scène de tant d’exploits,
On entendit alors soixante mille voix
Jeter au ciel ce cri d’amour et de souffrance :
― Eh bien, soit ! nous serons français malgré la France !

Or chacun a tenu sa parole. Aujourd’hui,
Sur ce lâche abandon plus de cent ans ont lui ;
Et, sous le sceptre anglais, cette fière phalange
Conserve encore aux yeux de tous, et sans mélange,
Son culte pour la France, et son cachet sacré.