Page:Fréchette - Poésies choisies, I, 1908.djvu/282

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Ces sages-là, je puis vous dire ce que c’est ;
Ça me connaît, allez ; c’est un vieux qui vous parle.
Nous en avions ailleurs, mais surtout à Saint-Charle.
Ah ! la sagesse même ! et pleins de bons conseils.
Si tous les Canadiens eussent été pareils,
On en aurait moins vu debout qu’à quatre pattes.
Nous les nommions torys, chouayens, bureaucrates ;
Et d’autres noms encor ― peu propres, je l’admets.

Ces gens-là, voyez-vous, cela ne meurt jamais ;
Et si, ce dont je doute, ils ont une âme à rendre,
Le bon Dieu n’a pas l’air bien pressé de la prendre.
D’ailleurs il en revient ; on en voit tous les jours.
Aussitôt les loups pris, ils connaissent les tours ;
Moisson faite, ils sont là pour gruger la récolte.

J’en ai connu qui nous poussaient à la révolte,
Et qui, le lendemain de nos premiers malheurs,
Nous traitaient de brigands, d’assassins, de voleurs,
Ou qui criaient : ― Je vous l’avais bien dit !

                                                     Ah ! dame,
On aurait pu bourrer la nef de Notre-Dame,