Page:Fréchette - Poésies choisies, I, 1908.djvu/290

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Pendant qu’aux Trianons un prince ricaneur
Accueillait, contempteur d’une épopée antique,
Le récit de leurs maux d’un sarcasme sceptique,
Aux excès effrontés des lupanars royaux,
Nos pères, opposant leurs dévoûments loyaux,
Aux yeux de l’univers avaient, dans vingt batailles,
Racheté de leur sang les hontes de Versailles !

Ils en furent payés par l’exil et l’oubli.

Dans les émotions d’un grand pas accompli
Sur les âpres chemins d’une autre destinée,
Tout entière à la gloire, et sans cesse entraînée
Sur les pas du guerrier fatal qui, sans repos,
Aux quatre coins du monde arborait ses drapeaux,
La grande nation oublia la poignée
De braves, par la faim et le glaive épargnée,
Qui, fidèle quand même, aux bords du Saint-Laurent,
Sous un sceptre étranger la nommait en pleurant.

Le temps passe.

                     Au delà de cent ans s’écoulèrent ;
Sous de nouveaux guidons les peuples s’enrôlèrent ;