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Page:Fréchette - Poésies choisies, I, 1908.djvu/37

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Et notre vieux drapeau, trempé de pleurs amers,
Ferma son aile blanche et repassa les mers !

L’enfant avait donné tout son sang goutte à goutte :
On lui fit du Calvaire alors prendre la route.
Trompée en son amour, blessée en son orgueil,
La pauvre nation, sous ses voiles de deuil,
Les yeux toujours tournés vers la France envolée,
Berça de souvenirs son âme inconsolée.

Il lui fallut vider la coupe des douleurs…
Comme dans ses succès, noble dans ses malheurs,
Elle pleura longtemps, victime résignée ;
Mais, un jour, on la vit se roidir indignée,
Et défier soudain du geste et de la voix
Les tyrans acharnés aux lambeaux de ses droits.
La lutte, qu’on croyait à jamais conjurée,
Renaissait plus terrible et plus désespérée :
Il fallait renier la France ou bien mourir !