Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/109

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France, il y a des quantités de gens qui n’ont pas eu besoin d’élever des lapins pour suivre ce précepte, et si tous ceux qui se pressent à chaque audience dans l’enceinte réservée aux débats avaient trois mille francs de rentes, la baisse ou la hausse de la Bourse causerait à Rouen des révolutions àchaque instant.

Il y aurait à ce sujet un beau lieu commun à développer pour la cent millième fois.

N’est-il pas, en effet, le reflet du théâtre ce tribunal où se jouent chaque jour quelques actes terribles ou gais, non plus imaginés par un dramaturge expérimenté ou par un vaudevilliste joyeux, mais tirés de la vie réelle et comportant un dénoûment qui n’est plus de la convention.

Ne s’émotionne-t-on pas davantage au cours d’un procès en assises dont la conséquence ne sera plus comme au théâtre le coup de hache de carton, mais la descente vertigineuse du couperet de la guillotine sur quelque place d’exécution.

Ne rit-on pas comme à la représentation du meilleur lever de rideau, lorsque l’on entend Jean Hiroux, interrogé sur sa profession, répondre en jetant un regard féroce sur le crâne luisant de l’honorable magistrat instructeur : « casseur de cailloux ! mon président. »