Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On est partisan de Jules Moineaux ou abonné à la Revue des Causes célèbres, dont Papavoine, Tropmann, Billoir et Pranzini sont les principaux ornemens.

Pour celui qui assiste à une audience, sans s’occuper aucunement de l’accusé qui est, la plupart du temps, fort peu intéressant, il y a quatre sujets d’observations bien distincts : les spectateurs de derrière la barrière, les spectateurs assis, l’avocat et le jury.

Il n’y a peut-être pas de ville où ils soient aussi « typiques » qu’à Rouen, les spectateurs de derrière la barrière.

Traversez la cour du Palais-de-Justice un matin avant l’audience, vers neuf heures. À ce moment, la « queue » commence et elle se perpétuera pendant la journée. Vous verrez, attendant l’ouverture des portes, des groupes de ces soi-disant ouvriers sans travail, pour lesquels la longue angoisse d’un semblable, assis sur le banc d’infamie, est un régal. Il y a toujours parmi eux quelqu’un qui connaît l’accusé et qui donne sur lui des détails inédits. Puis, peu à peu, l’attroupement grossit et, lorsque le factionnaire ouvre à deux battans la lourde porte de