Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/123

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pirent le visage et la tenue de l’accusé, jusqu’à celle du petit frisson dans le dos, lorsqu’à la lueur qui vacille devant son nez, le chef du jury prononce dans le silence solennel de l’immense pièce qui parait vide, tant les souffles sont retenus, le oui traditionnel par lequel un homme est jeté de la prison à l’échafaud, quand le président de la république ne s’interpose pas.

Les mouchoirs jouent un rôle considérable, d’ailleurs, pendant toute l’audience, et il y a des âmes naïves, jeunes et candides ; des jeunes filles venues avec leurs parens (ce qu’on ne saurait trop blâmer) et qui, plus encore que le jury, se laissent attendrir par les grands lieux communs d’une défense présentée avec tant d’art que le fond de la salle lui-même s’insurge, et qu’il est des momens où l’on ferait un mauvais parti à cet « homme rouge » qui, dans son bon sens, trouve qu’il ne suffit pas à un criminel d’avoir l’appui d’une parole chaude, brillante ou bruyante, pour redevenir un honnête homme et un être absolument inoffensif.

Et les avocats ? comme ils connaissent bien leur public, dont l’impression se reflète sur le jury ; comme ils savent que souvent, en cour d’assises, un syllogisme parfait vaut moins qu’un « effet » habilement ménagé ! Et