Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/162

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tées. Ici, il n’y a pas de description possible, il n’y a pas de tableau pareil que l’imagination d’un peintre puisse reproduire. C’est une confusion de choses qui fait trembler le plus sceptique spectateur.

Des femmes échevelées, les unes livides comme des statues, les autres rouges comme si elles allaient être frappées d’une attaque d’apoplexie, courent, s’agitent, crient, pleurent, frappent, hurlent. Elles grimpent sur les tables, sautent sur les chaises, tiennent des discours incohérens ; l’œil est en feu, la bouche ouverte et tordue écume, les bras menacent. Il y a des visages entièrement couverts par des chevelures qui ressemblent à des crinières et au travers desquelles on voit étinceler des regards de bêtes féroces.

Les sœurs gardiennes sont nombreuses ; elles essayent de raisonner ces folles ; peine perdue. Le mouvement va en croissant, il finit par devenir général.

Alors c’est un délire de menaces, d’injures, de mots orduriers ramassés dans les carrefours et crachés à la face de chacune. Les ongles arrachent le bois des tables ou des fauteuils, les pieds se meurtrissent contre les murs et les meubles. La camisole de force est obligée d’intervenir.

Quand elles sont ainsi rendues impuissan-