Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/180

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en loques et pour lesquels les « grands jours » qui se préparaient jadis sont arrivés depuis longtemps, ils pêchent à la ligne dans la riviére.

Les uns ont des ficelles au bout desquelles est attaché un fort hameçon ou un engin quelconque qui happe l’objet désiré reposant au fond de l’eau ; les autres sont armés de petits filets comme pour la chasse à la crevette ; d’autres enfin, plus ambitieux et plus téméraires, descendent simplement le soir au milieu de la rivière lorsque la nuit met son voile sur l’œil de la police, ainsi que l’aurait écrit Fénélon.

Et sait-on le parti que les chineurs retirent de ces amas d’ordures ?

Les vieilles semelles sont dépouillées de leurs clous : l’acier est revendu à des « gniafs » ainsi que le cuir qui, découpé par petites plaques, sert pour les réparations de talons.

Les débris de vaisselle sont donnés pour quelques sous aux habitans des communes voisines qui désirent hérisser leurs murs de coupans d’assiettes ou de culs de bouteilles.

Les morceaux de plomb, fondus et réunis, finissent par former des lingots respectables dont on se débarrasse à un prix qui défie la concurrence des marchands patentés.

Les chiffons sont soigneusement triés, les