Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/198

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de comprendre que le métier de chercheur de machabés recrute des adeptes et qu’il y ait un certain nombre de vivans auxquels ces morts profitent.

Tout d’abord, avant de donner des détails sur le métier, il nous faut faire une exception pour le brave directeur de la morgue, M. Robin, le sauveteur rouennais si connu et dont la poitrine recouverte de médailles attend encore une croix qui serait largement méritée.

M. Robin retire, à lui seul, les sept ou huit dixièmes des cadavres que le flot entraîne ; mais il ne s’en fait pas une industrie, il accomplit un devoir.

Les vrais chercheurs de machabés sont les autres ; ceux pour lesquels un accident devient une aubaine et un cadavre le moyen de gagner de quoi manger et de quoi boire. Ils possèdent généralement une vieille barque et vont à la sinistre pêche que l’on sait.

Dans les endroits ou le courant vient déposer toutes les immondices qu’il traîne avec lui, dans les roseaux poussant au bord des îlots de la Seine, on les voit avec leur longue gaffe et leurs crocs. Ils remuent la vase, sondent les endroits qu’ils connaissent bien, comme gardant les corps, et n’ont pas perdu leur jour née quand ils ne reviennent pas bredouille.