Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/212

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bien connu de l’église Saint-Maclou à la rue des Espagnols.

Et, en effet, c’est ce quartier du vieux Martainville qui fournit aux forains de Rouen et des environs la plupart de leurs sauvages. Il y a là une population étrange qui ne vit que d’expédiens, sur laquelle la police a incessamment l’œil et qui, fuyant le Rouen nouveau, s’élargissant sans cesse, se voit entourée pour ainsi dire par un cercle de lumière et cherche encore quelques refuges obscurs dans des rues mal famées et dans des cabarets borgnes.

Pour ces gens, tous les métiers sont bons ; ils sont tour à tour débardeurs, commissionnaires marrons, ouvreurs de portières, etc. Quand l’automne arrive, ils ont leur bonne saison ; ils se font sauvages pour la foire Saint-Romain. Il y a, du reste, un entraînement à subir et une sorte d’initiation à supporter. N’est pas sauvage qui veut, et c’est plus difficile que de porter un sac de grain ou de percer un fût de vin.

Les curieux qui osent affronter les arrière-boutiques de certains marchands de fil-en-quatre et de tasses de café à un sou peuvent voir des groupes de trois ou quatre individus s’exercant à manger de la chair crue, ce qui n’est pas difficile, et s’efforçant, ce qui est