Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/218

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artistes ou « artisses, » selon qu’ils atteignent l’ut de poitrine ou qu’ils s’arrêtent en chemin au sol dièse.

Le seul, le vrai, l’unique chanteur dont le métier soit réellement bizarre est le Trouvère, cet être éminemment fantaisiste et ambulant

Et qui n’a pour tout bien qu’un mot : la liberté.

Quel est le promeneur qui, en circulant le soir, dans quelqu’une de ces ruelles, sombres en plein midi, dont les vieilles maisons font le bonheur des aqua-fortistes et les vieux pavés le désespoir des piétons ; quel est le promeneur, disons-nous, qui n’ait saisi au passage un petit air de violon s’échappant par le carreau cassé d’un de ces cabarets comme il en reste encore dans le vieux Martainville, malgré la rage d’hygiène dont nous sommes possédés et la « furia » des démolisseurs ?

Et si, ce promeneur, hanté par les récits des Mystères de Paris, pose le pied sur le seuil de l’établissement, le spectacle dont il est témoin peut le dédommager amplement du retard qu’il s’impose.

Au milieu d’une grande salle, basse de plafond et dont les solives, usées par l’âge, apparaissent, comme la carcasse de quelque bête