Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/254

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on voit se réaliser parfois des prophéties surprenantes pour la plus grande gloire des gens du métier.

C’est dans les quartiers excentriques que sont les « bureaux » des cartomanciennes et des chiromanciennes ; il y en a une petite colonie qui « vivote » très-modestement dans l’ombre des rues Orbe, Poisson, Coignebert, Saint-Nicaise, etc. Quand on n’est pas arrivé dans ses vieux jours à la position désirée de concierge ou d’employée au balayage ; quand on a la chance de posséder quelque oiseau empaillé ou quelque corbeau bien dressé ; quand on a le physique de l’emploi, quelques vieux jeux de cartes et qu’on connait les règles élémentaires de la « réussite, » on se fait cartomancienne. Cela rapporte en moyenne deux francs cinquante par jour, et ne nécessite pas de longues fatigues ni de grands efforts d’intelligence.

Que le lecteur ne s’imagine pas, pourtant, qu’il assisterait, pendant une consultation, à une scène rééditée de quelque roman d’Alexandre Dumas père, ou de Xavier de Montépin. Le logis est simple, toujours propre ; l se compose, la plupart du temps, d’une seule pièce. Il y a des rideaux très-blancs au lit et à la fenêtre; la table sur laquelle la cartomancienne opère est, neuf fois sur dix,