Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/300

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à bords minuscules qu’il porte rejeté en arrière. Par-dessus sa redingote de drap noir, qui dépasse, il porte une de ces blouses de toile bleue, à ceinture, qui furent tant à la mode, vers 1820, parmi les porteurs de Cauchoise. D’une main il tient une fleurette et des brins d’herbe et de l’autre sa canne, sa fameuse canne en fer blanc, munie d’un entonnoir et percée de trous, accessoire indispensable pour ses expériences atmosphériques. Mieux qu’un tambour-major, mieux que le célèbre bâtonniste Pradier, il la manœuvrait, lui faisant faire des tours, des évolutions rapides, avec une dextérité merveilleuse, dans le seul but de gourmander les nuages, de faire tomber la pluie, ou d’empêcher les orages et les tempêtes. Il faut avouer qu’avec le climat de Rouen la fonction que remplissait Le Barbier n’était point une sinécure. Aussi le voyait-on, en cet équipage, dans toutes les rues de Rouen, sur toutes les places et les carrefours, sifflant, soufflant, haletant, au milieu d’un tourbillon de moulinets de sa canne en fer blanc, aveuglante sous l’éclat du soleil.