Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/319

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du pavé, et particulièrement les chanteurs ambulants, vrais improvisateurs en plein vent, ayant souvent plus d’originalité que les auteurs en vogue, avec une indigence sans prétention et une indépendance moins ambitieuse. Rouen autrefois comptait en grand nombre ces héros inconnus de la musique, du chant, du bel art de l’éloquence et de la prestidigitation. Leur quartier général était particulièrement fixé aux abords du pont de bateaux. Aux époques de troubles, comme après l’émeute tentée par Bordier et Jourdain, le rassemblement de ces pauvres gens, à cet endroit, parut suspect, et fut interdit par un arrêté assez curieux de la municipalité, en date du 12 août 1789. Il était défendu « aux jongleurs, faiseurs de tours, bateleurs, chansonniers, de se réunir en ce lieu, et particulièrement aux diseurs de bonne aventure, qui se servent de longs tuyaux, qui les mettent à portée de parler à des particuliers, à une longue distance, sans être entendus des autres assistants, et forment attroupement sur le port et