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notre compagnon. Nous nous baissons, et nous trouvons, en effet, une ouverture un peu plus grande que celle de la niche d’un gros chien. On s’agenouille (nous allions dire qu’on se met à quatre pattes) pour entrer. Là, il y a des lits, ou, du moins, il y a un lit, un seul, mais fort vaste.

La pièce a un mètre quatre-vingts centimètres de hauteur. Les hommes de haute taille ne peuvent se tenir debout. Le drap est noir littéralement ; on le change tous les mois, c’est-à-dire lorsque, en moyenne, 150 hommes y ont couché. Chose curieuse, les épidémies ne sévissent jamais dans ces endroits. La maladie semble avoir peur d’entrer.

Il est onze heures et demie. Notre guide a un rendez-vous pour minuit et demi, c’est pour cela qu’il avait besoin de cinq francs. Il faut se hâter. « Je vais vous offrir le bouquet, nous dit-il, avant de m’en aller. »

Le « bouquet » nous a paru, en effet, fort réussi. Dans une toute petite rue obscure, habitée principalement par des femmes de mauvaise vie : une masure. Nous entrons et nous voyons à nos pieds une ouverture béante. C’est un sous-sol dans lequel on pénètre par une sorte d’échelle. En bas, sur des matelas sans draps bien entendu, sans oreiller, cinq ou six hommes noirs, dégue-