Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/40

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Puis, plus tard, vers minuit, devant quelques lanternes éclairant timidement la façade d’humbles maisons, on apercevra de petits groupes. Ce sont les travailleurs qui, trop nombreux pour aller se coucher tous, et n’ayant pas individuellement assez d’argent pour payer le logeur, réunissent leurs gros sous et tirent au sort les trois ou quatre « élus » qui se coucheront, ce soir-là, ailleurs que sur les bancs de fer du pont de pierre ou sous les arches de pierre du pont de fer.

Le peintre qui franchirait le seuil de ces retraites où l’hospitalité, sans être absolument écossaise, se débite à très-bas prix, jouirait d’un coup d’œil bien curieux. Ces établissemens ne sont pas très-nombreux à Rouen ; quelques-uns sont fort mal organisés, il y en a d’autres, au contraire, où la recherche du confortable par des patrons ingénieux et intelligens attire la clientèle. C’est dans le quartier de la rue des Charrettes que se trouve la maison modèle du genre. Belle maison à façade récrépie qui flatte l’œil de celui qui passe et qui fait la stupéfaction de celui qui entre.

Le directeur, un excellent homme tout