Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/89

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qui préfèrent « humer le piot » se mettent à couvert dans une salle mal éclairée où s’alignent deux rangées de tables grasses, recouvertes de toile cirée. Les hommes causent politique en fumant ; comme leurs habits de fête les gênent, ils se mettent en bras de chemises et, les coudes sur la table, la grosse bouffarde des dimanches, en imitation de kummer, à la bouche, ils discutent pour discuter, sans trop savoir ce qu’ils disent. À côté d’eux, les femmes, les yeux gros de sommeil, fatiguées de la route et tenant sur leurs genoux des enfans qui dorment, les poings fermés, la bouche entr’ouverte.

Le second clan est composé de jeunes gens : les couturières dont nous parlions plus haut, les petits employés de commerce, les maçons, les charpentiers, « que c’est comme un bouquet de fleurs. » Ils découvrent toujours au bon moment quelque violoniste et quelque violon, et le bal commence.

Très-drôle, le bal ; il y a là des quadrilles insensés, des valses folles qui se terminent parfois par des chutes sur le sol, par des heurts violens contre Les troncs d’arbres mal éclairés par un reste de lampions du 14 Juillet.

Vers dix ou onze heures, le vacarme diminue, le violon, dont une des cordes s’est rom-