Rendez-moi mon cochon, s’il vous plaît,
Messieurs, voulez-vous me le rendre.
Il faisait ma félicité.
Il était doux et tendre.
Sait-on que cette naïveté date de près de cent ans ; qu’elle a été conçue et exécutée par un auteur du temps de Louis XVI, qui la fit représenter sur le théâtre de Versailles à l’aide d’ombres chinoises.
On a essayé de faire concurrence au Saint-Antoine de Legrain ; il y a eu des marionnettes rouennaises à la foire Saint-Romain qui jouaient également une tentation. Mais le vieux directeur, l’inventeur du genre, s’en préoccupait peu.
« Ma maison, disait-il, n’est pas sur la place du Boulingrin. » Et, de fait, ses affaires étaient toujours prospères.
Cette « maison » avait donné l’abri et le pain, pendant la plus grande partie de son existence, à un pauvre diable dont l’étrangeté était devenue proverbiale. On l’appelait l’homme au violon.
Cet être incohérent troublait Flaubert et intriguait Théophile Gauthier.
Les cheveux gris tombant en rouleaux et cachant les oreilles, les traits calmes, l’œil éternellement fixe, la barbe d’un blanc d’argent, retombant sur la poitrine ; l’homme au violon rappelait ces têtes de patriarches que