Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/20

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valent semble à jamais disparu. Tel fut en 1814 le cas de M. Hüe. Quelles émotions complexes durent l’assaillir, quand il fit le bilan de ce qui lui demeurait de parents ou d’amis en son beau pays de France ! Aussi bien s’empressa-t-il de recevoir ces vestiges vivants de l’Ancien régime, et de fréquenter assidument chez eux.

Sa famille n’avait point été épargnée par le temps. Sa mère, qu’il aimait tendrement, n’était plus de ce monde. Madame Hutin, sa belle-mère, qu’il recueillit chez lui, n’avait pas su conserver ses brillantes qualités d’antan. Son esprit caduc s’en était allé vers les choses de l’enfance.

Et partout la mort avait fauché…

Hüe retrouva cependant son frère, l’abbé Jean-Baptiste, qui, après avoir longtemps souffert dans les prisons, avait obtenu, au rétablissement du culte, l’administration des hospices de Fontainebleau ; son oncle, M. Brion, qui devait atteindre sa centième année ; ses sœurs, mesdames Thibaud et Thomé de Montigny et leurs nombreuses familles[1].

Madame Hüe, qui reçut alors le brevet de lectrice de la Dauphine, dont elle jouit jusqu’en 1830, s’empressa de réunir, dans son salon des Champs-Élysées, les vestiges de ses relations des heureux jours. On y vit fréquemment les Damas, les Martignac, les Villedavray, les Henry, les Bapst, les Péan de Saint-

  1. Coïncidence curieuse. Une des filles de madame Thomé, nièce par conséquent du royaliste François Hüe, avait épousé, sous l’Empire, M. de La Grye, proche parent des Bonaparte par les Bleschamps.