Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/32

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chambre en survivance de son père, André Hüe trouva dans sa chambre des Tuileries une immense armoire d’acajou mâle à ciselures d’or :

— C’est pour serrer votre uniforme, lui dit Louis XVIII dans un sourire, quand il le rencontra.

Au reste, le Roi était généreux dans toutes les menues choses et pratiquait largement le grand art des petits cadeaux. Il aimait à combler de légers présents les officiers de sa maison pour lesquels il avait une affection particulière. Napoléon, paraît-il, empruntait à ses sénateurs leurs tabatières, qu’il oubliait de leur rendre, si bien qu’à la fin de son règne on ne venait plus au Sénat qu’avec des queues de rats. Les mœurs changèrent avec le frère de Louis XVI et vinrent à l’opposé.

Quand Louis XVIII était de joyeuse humeur, il distribuait les siennes à ses officiers. Innombrables sont les tabatières et bonbonnières dont furent comblés François[1] et André Hüe. La plupart sont

  1. La plus précieuse de ces tabatières est une boîte en or ciselé, ornée de gouaches peintes par Van Blarenberghe, représentant les épisodes d’une chasse à courre dans la forêt de Compiègne et dont se servait habituellement le roi Louis XVI. Louis XVIII et madame la Dauphine donnèrent également à MM. Hüe plusieurs objets précieux : diverses miniatures de la famille royale, celles de Louis XV, de ses filles et de Madame la Dauphine, une canne dont les contours représentent tous les profils des membres de la famille de Bourbon, les Heures de madame Élisabeth, un gilet brodé au Temple par Marie-Antoinette pour le Dauphin, etc. Ce fut André Hüe qui annonça, le premier, au roi Louis XVIII la naissance du duc de Bordeaux. Le Roi lui donna une médaille en or, commémorative