Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/108

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sur un plan extraordinaire ou du moins tout à fait nouveau pour moi.

En ce moment, un des municipaux rompant le morne silence qu’il avait gardé jusqu’à présent :

— Ton maître, me dit-il, était accoutumé aux lambris dorés. Eh bien, il verra comme on loge les assassins du peuple ; suis-moi.

Je montai plusieurs marches : une porte étroite et basse me conduisit à un escalier construit en coquille de limaçon. Lorsque je passai de cet escalier principal à un plus petit qui menait au second étage, je m’aperçus que j’étais dans une tour. J’entrai dans une chambre éclairée de jour par une seule fenêtre, dépourvue en partie des meubles les plus nécessaires et n’ayant qu’un mauvais lit et trois ou quatre sièges.

— C’est là que ton maître couchera, me dit le municipal.

Chamilly m’avait rejoint. Nous nous regardâmes sans dire mot : on nous jeta comme par grâce, une paire de draps. Enfin on nous laissa seuls quelques moments[1].

  1. On lit dans les Mémoires de madame la duchesse de Tourzel, publiés par M. le duc des Cars (Paris 1884, in-8), II, p. 215 : « Le jour de l’arrivée au Temple, MM. de Chamilly et Hüe redoublaient de soins et d’attentions pour le service de LL. MM. et de la famille royale. Ils ne se donnaient pas un moment de repos pendant tout le cours de la journée. »