Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/112

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forcée de s’humaniser. Sa fille et Élisabeth me font, malgré elles, la révérence. Le guichet est si bas que, pour passer, il faut bien qu’elles se baissent devant moi. Chaque fois, je flanque à cette Élisabeth une bouffée de fumée de ma pipe. Ne dit-elle pas, l’autre jour, à nos commissaires :

» — Pourquoi donc Rocher fume-t-il toujours ?

» — Apparemment que cela lui plaît, répondirent-ils.

Risbey, sous des dehors moins repoussants, était aussi acharné à persécuter la famille royale.

Auprès du guichet, et à côté de la chambre des deux geôliers, était la salle à manger. Cette salle, où couchèrent pendant quelques jours les dames Thibaud et Basire, communiquait avec une tourelle garnie d’une bibliothèque.

La cuisine étant séparée et éloignée de la petite tour, la nécessité du service forçait souvent à traverser plusieurs portes de la garde. C’étaient, à chaque pas, obstacles sur obstacles, insultes sur insultes. Les municipaux qui m’accompagnaient applaudissaient à ces outrages et souvent les provoquaient par leurs exemples. Si quelquefois l’indignation soulevait mon âme, soudain ma pensée se portait sur mon maître et je me disais : « Le Roi souffre et se tait. »