Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/129

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Le Roi, en sortant de table, allait aussitôt auprès de son fils. Après quelques moments, il prenait, à la dérobée, la main de la Reine et celle de Madame Élisabeth, recevait les caresses de Madame Royale et remontait dans sa chambre. Passant ensuite dans la petite tour, Sa Majesté n’en sortait plus qu’à onze heures pour venir se coucher.


    la foule quand elle voulut entrer au Temple avec les restes de madame de Lamballe) nous a laissé quelques curieux détails sur le séjour de fille au Temple dans un récit sur le Temple reproduit par Lenôtre, dans la Captivité de Marie-Antoinette (Paris, 1902, p. 57) : « Je ne sais, écrit-il, quel degré de confiance les détenus avaient en ce valet de chambre, mais j’étais singulièrement surpris des honnêtetés, des attentions, des petits soins même, que Marie-Antoinette avait pour lui. On n’aurait pas goûté d’un bon morceau qu’il n’y eût eu la part de M. Hüe. « Vous aimez ceci ; je vous en ai gardé… » Absent, présent, toujours on était occupé de lui. Il se donne tant de peines ! il est si prévenant ! Je crois qu’elle l’aurait servi si elle l’avait osé ! »

    Cléry nous dit aussi (Journal de Cléry, Limoges, 1841, in-12, p. 18) que Hüe était seul chargé de recevoir et de demander les choses nécessaires pour la famille royale. Il faut consulter avec réserve les Mémoires de Cléry (Londres, 1799) dans lesquelles l’auteur semble exhaler sa jalousie contre Hüe. Nous reviendrons plus loin sur cette question.

    Enfin, M. de Beauchesne (Louis XVII, t. 1, pp. 248 et suiv.) nous donne l’emploi du temps de Hüe au Temple en nous disant que le « matin, il disposait la chambre, préparait la table pour le déjeuner, puis descendait chez la Reine vers huit heures, empressé de multiplier les services que la nécessité des circonstances exigeait de son zèle. Le soir, il dressait la table du Dauphin, le couchait lui-même et portait à manger aux Princesses. Hüe ne considérait pas comme une humiliation pour lui de descendre à ces détails ménagers auxquels il n’était nullement habitué, mais en tirait honneur en raison des services qu’il rendait ainsi à ses Princes ».