Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/153

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    Les femmes enchérirent d’aigreur, Élisabeth surtout, se promenant à grands pas, témoignait hautement sa colère et lançait partout des regards menaçants. Marie-Antoinette paraissait sensiblement affectée de cette séparation. » On voulait donc, disaient-elles, leur enlever les personnes qui leur étaient le plus attachées et en qui elles avaient mis leur confiance. Je ne puis m’empêcher de remarquer au sujet du départ de Hüe que c’est à la vanité du commissaire qui l’emmena, que ce valet de chambre doit la vie. L’arrêté portait qu’il serait porté à la Conciergerie. Son titre était suffisant pour lui attirer le sort des autres. Mais celui chargé de son arrestation — c’était un ex-capucin — le conduisit au Conseil général de la Commune où il fit parade de sa conduite, répéta sa harangue et remit son prisonnier. Le Conseil, après l’avoir interrogé, parut satisfait de ses réponses et ordonna qu’il serait seulement déposé à la geôle, espèce de maison d’arrêt de la Commune, ou il resta très peu, ce qui le sauva. Peut-être aussi, le commissaire et le Conseil avaient déjà des inquiétudes sur les prisons.

    On lit dans les Mémoires de Cléry, que ce fut par suite de son zèle maladroit et blessant pour les municipaux que Hüe quitta le Temple. On y lit aussi que « Louis XVI ne put jamais considérer Cléry à l’égal de Chamilly et de Hüe qui lui étaient très supérieurs par le rang et la naissance ». Mais ces Mémoires (Londres, Baylis, 1799) sont apocryphes. Ils contiennent une foule de notes injurieuses contre Louis XVI et ont été répandus, dit-on, par le Gouvernement français. Seul le Journal écrit par Cléry sous la direction de Mariala doit être considéré comme authentique. Après le départ de Hüe, le roi s’inquiéta beaucoup de lui et demanda de ses nouvelles à Cléry.