Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/200

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» Cette considération m’a empêché depuis longtemps d’aller à Paris, où j’ai des affaires ; mais je ferai ce voyage dès que l’orage du moment sera un peu calmé. Je m’empresserai, en passant à Fontainebleau, de vous y voir, et si vous n’y étiez pas, ce sera à Paris que j’irai vous embrasser, et mêler mes larmes aux vôtres.

» Je vous prie d’être très persuadé, monsieur, de mon sincère attachement.

» malesherbes[1]. »

C’est donc au fond d’une prison que je devais me rencontrer de nouveau avec le ministre de mon Roi ! Si quelque chose put y suspendre ma douleur de la mort du Roi, ce fut le plaisir de

  1. Malesherbes était voisin de campagne de M. Gillet de la Renommière, ami de François Hüe et très lié avec lui ainsi qu’avec sa femme, née Élisabeth Marinier de Banassat. Or il vint un jour visiter madame de la Renommière, qui attendait son quatorzième enfant. Et comme il lui exprimait sa sympathie plus que ses compliments au sujet de cette prochaine naissance, son interlocutrice s’écria : « Oh ! c’est pour moi, monsieur de Malesherbes, la chose la plus insignifiante du monde. Je suis fort habituée à ce genre d’incidents, mais ce qui me consterne en la circonstance, c’est le choix d’un parrain. Je crains vraiment de lasser la patience de ma famille et je me verrai, pour cette fois, obligée de choisir le premier pauvre du village… — Je vous demande la charité, » lui répondit, en s’inclinant, M. de Malesherbes. Et c’est ainsi qu’il fut, en 1785, parrain de mademoiselle Henriette Gillet de la Renommière, qui épousa plus tard M. de Mazenod et fut mère de la baronne André Hüe.