Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/205

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plétée. Je formai le plan d’acquérir l’instruction qui me manquait. Je voulus savoir les langues anglaise, italienne et espagnole : je les appris seul. Je me rendis assez fort dans la littérature latine pour traduire aisément les auteurs les plus difficiles. Ensuite, m’enfonçant dans l’histoire de France, je m’imposai la tâche d’éclaircir ses obscurités. Je méditai la législation et les coutumes du royaume ; je comparai la marche des différents règnes ; j’analysai les causes de leur prospérité et de leurs revers. À ce travail habituel je joignais la lecture de tous les bons ouvrages qui paraissaient. Ceux qui traitaient des matières d’administration ou de politique m’attachaient spécialement ; j’y faisais mes observations.

» Cet aveu du Roi, continua M. de Malesherbes, me donna une haute idée de la constance de son caractère et de sa capacité. Chaque jour, pendant mon ministère, j’eus occasion de reconnaître que la timidité assez habituelle dans ce Prince n’était que l’effet d’une trop grande modestie, qui le tenait continuellement en garde contre la présomption et le portait à penser que ses ministres avaient, en affaires, un discernements supérieur au sien ; voilà ce qui lui faisait sacrifier si facilement son opinion à celle de son Conseil. Ce bon prince