Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/211

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ne puis-je en faire autant ! reprit le Roi, car dans les temps où nous vivons…

» Débarrassé des affaires, j’avais partagé mon temps entre mes goûts champêtres, mes livres, ma famille et mes amis. La révolution m’a rappelé à la ville. Tant que je l’ai pu, je me suis tenu à portée du Roi, et quand la Convention l’a mis en jugement, j’ai sollicité et j’ai obtenu l’honneur de le défendre.

» La première fois qu’à ce titre, il me fut permis de pénétrer dans la tour du Temple, le Roi m’eut à peine aperçu, que, sans me laisser le temps d’achever ma révérence, il vint à moi, et, me serrant dans ses bras :

» — Ah ! c’est vous, mon ami ! me dit-il les yeux baignés de larmes ; vous voyez où m’ont conduit l’excès de mon amour pour le peuple et cette abnégation de moi-même qui me fit consentir à l’éloignement des troupes destinées à défendre mon pouvoir et ma personne contre les entreprises d’une Assemblée factieuse. Vous venez m’aider de vos conseils, vous ne craignez pas d’exposer votre vie pour sauver la mienne, mais tout sera inutile.

» — Non, Sire, je n’expose pas ma vie, et même j’ose croire que celle de Votre Majesté ne