Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/214

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» — La Suisse, répondit-il, ce que l’histoire rapporte du sort des rois fugitifs…

» — Mais, Sire, repris-je, si, rendu à lui-même, le peuple français vous rappelait. Votre Majesté voudrait-elle revenir ?

» Par goût, non, par devoir, oui ; mais dans ce cas je mettrais à mon retour deux conditions : l’une, que la religion catholique, apostolique et romaine continuerait, sans néanmoins exclure les autres cultes, d’être la religion de l’État ; l’autre, que la banqueroute, si elle était inévitable, serait déclarée par le pouvoir usurpateur. C’est lui qui l’aurait rendue nécessaire, ce serait à lui d’en porter la honte.

» Un jour, la conversation ayant pour objet les divers partis qui divisaient la Convention :

» — La plupart des députés, me dit le Roi, auraient été faciles à acheter.

» — Eh bien ! Sire, quel motif a pu retenir Votre Majesté ? Les moyens lui manquaient-ils ?

» — Non, j’avais les moyens. L’argent m’était prêté ; mais un jour il eût fallu le rembourser des deniers de l’État. Je n’ai pu me résoudre à les faire servir pour la corruption. Les fonds de la liste civile, n’étant que la juste représentation des fonds de mes domaines, me laissaient peut-être