Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/221

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puissance et de ses droits, elle qui réunissait sur sa tête tant d’avantages. Vivre dans la société de la favorite était indigne de la Dauphine. Forcée d’embrasser une sorte de retraite, elle adopta ce genre de vie exempt d’étiquette et de contrainte ; elle en porta l’habitude sur le trône. Ces manières, nouvelles à la cour, se rapprochaient trop de mon goût naturel pour que je voulusse les contrarier. J’ignorais alors de quel danger il est pour les. souverains de se laisser voir de trop près. La familiarité éloigne le respect dont il est nécessaire que ceux qui gouvernent soient environnés. D’abord, le public applaudissait à l’abandon des anciens usages ; ensuite il en a fait un crime. La Reine voulut avoir des amies. La princesse de Lamballe fut celle qu’elle distingua davantage. Sa conduite dans le cours de nos malheurs a pleinement justifié ce choix. La comtesse Jules de Polignac lui plut ; elle en fit son amie. À la demande de la Reine j’accordai à la comtesse, depuis duchesse de Polignac, et à sa famille, des bienfaits qui éveillèrent l’envie. La Reine et son amie sont devenues l’objet de la plus injuste censure. Il n’est pas, ajoutait le Roi, jusqu’à son sentiment pour l’empereur Joseph II, son frère, que la calomnie n’ait attaqué. D’abord on a débité sour-