Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/258

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cette lettre, toute froide qu’elle est, est beaucoup pour moi, puisqu’elle est d’Elle, de la fille du Roi et de la Reine. Une seconde est restée sans réponse…

» Ah ! Dieux ! Comme Elle a blessé un cœur tout à Elle qui brûlait de reposer sur Elle des sentiments, des soins que sa mère daigna agréer, et qui, d’après cette douce expérience me semblaient dignes d’Elle.

» … Comment puis-je écrire ? Je n’ose. Je le dis, les larmes aux yeux, et le cœur pénétré de tristesse, il m’est assez prouvé que mon hommage ne peut lui plaire ; aussi, tout en lui donnant mes vœux les plus tendres, mes pensées les plus habituelles, je me suis condamnée au silence absolu, silence qu’elle a commandé, et mon intérêt pour Elle est si grand que j’y trouve même quelque soulagement dans ma pénible existence.

» Si Elle pouvait lire cette lettre, Elle saurait au moins que les sentiments qui m’attachaient au Roi, à la Reine, & leur Fils, à Elle, à sa Tante, que ces sentiments, dis-je, qui ont fait la douce occupation de ma vie en font maintenant le supplice — digne de partager toutes ses affections — et que c’était Elle seule qui pouvait, par des bontés sur lesquelles j’avais osé compter, calmer