Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/261

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adressée Madame ; mais en agissant ainsi vis-à-vis d’elle Madame Royale n’avait pas agi selon son cœur. Elle avait dû écarter les services de l’ancienne dame du Palais de son infortunée mère, par ménagement pour les volontés de l’Empereur qui avait placé auprès d’elle madame la Comtesse de Chanclos[1]. Elle devait user, en raison de la guerre entre les deux nations et la volonté de l’Empereur, de la plus grande prudence dans ses rapports avec les Français. Je fus moi-même bientôt écarté de sa présence et contraint à habiter la ville sans aller jusqu’au palais. Madame y prit garde et voulut bien dire à madame de Soucy, quand celle-ci fut contrainte de quitter Vienne : « Je vous prie de consoler M. Hüe, quil ne désespère pas, je parlerai de lui à l’Empereur et je ne doute pas qu’il n’ait soin de ce fidèle serviteur de mon père. »

  1. On sait dans quelle contrainte vécut Marie-Thérèse à Vienne. Elle fut reçue a la cour d’Autriche, plus en prisonnière qu’en parente. Dans la fière maison des Habsbourg, la fille de Marie-Antoinette ne comptait qu’une seule amitié désintéressée, celle d’une enfant… de la petite archiduchesse Marie-Louise, qui, plus tard, fut la femme du plus grand adversaire des Bourbons, de Napoléon Ier. Et, jeux singuliers du hasard, ironie des puissances, trente-deux ans plus tard, le sort du fils de Marie-Louise, du duc de Reichstadt, de l’« Aiglon », exilé français, jouet de l’orgueil autrichien, devait ressembler, en plus d’un point, à celui de Marie-Thérèse, isolée dans cette cour de Vienne qui nous fut toujours hostile.