Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/81

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pointés sur les portes extérieures du château. Il était dès lors facile de prévoir le résultat de cette journée. Si le Corps législatif ne trempait pas dans la conspiration, du moins ne voulait-il rien faire pour l’arrêter. Quelle que fut la faction victorieuse, celle des orléanistes ou des républicains, il savait que les dangers étaient à peu près égaux pour lui. D’un autre côté, il croyait voir dans le triomphe du Roi la constitution renversée, et tout le fruit de la révolution perdu sans retour.

Un député de l’Assemblée nationale, du nombre de ceux que l’on appelait constitutionnels, a dit en ma présence, en parlant de la conduite du Corps législatif dans la nuit du 9 au 10 août : « Si par notre secours, le Roi eût triomphé, il aurait aussitôt renversé le parti constitutionnel. »

À peine remonté dans ses appartements, le Roi se montra un instant aux grenadiers, rangés en haie dans la galerie intérieure, appelée galerie de Carrache. Ses regards attristés semblaient leur dire : « Recevez les adieux de votre Roi. » Les cœurs de ces braves gens furent émus, des larmes roulèrent dans leurs yeux. Par un mouvement spontané, plus éloquent que la parole, les grenadiers chargèrent leurs armes en présence de Sa Majesté ; mais le Roi ne se dissimulait pas