Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/99

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envoya pour l’usage du jeune prince des vêtements de première nécessité.

Dans les trois jours que le Roi occupa la maison des Feuillants, chaque matin, entre dix et onze heures, les factieux le ramenaient à la salle de l’Assemblée, avec la famille royale, et l’enfermaient dans la loge du Logographe, emplacement de dix pieds carrés, sur huit d’élévation, exposé à toute l’ardeur d’un soleil brûlant. Un grillage en fer qui séparait cette loge du reste de la salle avait été enlevé afin, disait-on, que le Roi, dans le cas d’une attaque de la part du peuple, pût se réfugier dans l’Assemblée même… Le soir, le Roi et la famille royale étaient reconduits à leur logements, sous l’escorte d’une garde nombreuse. Chaque fois, c’étaient de nouvelles insultes. Un soir que la Reine traversait le jardin du couvent, un jeune homme bien vêtu s’approcha d’elle et lui dit en lui montrant le poing :

— Infâme Antoinette, tu voulais faire baigner les Autrichiens dans notre sang, tu le payeras de ta tête !…

La Reine ne répondit à ce propos que par le silence du mépris…

Après le décret qui suspendit le Roi, l’Assemblée donna l’ordre de s’éloigner aux personnes de