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GUIDE DU BON SENS

J’ai noté que le bon sens n’était pas la conscience, ni la raison ; la conscience et la raison des hommes cheminent pareilles à elles-mêmes à travers les âges et sous toutes les latitudes. Elles ne tiennent compte d’aucune contingence, elles sont toujours la conscience, toujours la raison.

Le bon sens, au contraire, évolue manifestement sous l’empire des circonstances de temps et de lieu. Et puisque nous parlons des femmes, cette évolution n’apparaîtra-t-elle pas le plus sensible dans une matière délicate entre toutes : la pudeur ?

Les notions de pudeur étaient-elles les mêmes chez nos grand’mères et pour nos petites-filles ? Le bon sens de nos grand’mères n’eût-il pas protesté contre les audaces de toilette ou d’éducation que nos petites-filles ont précisément réclamées au nom du bon sens ?

Et les nègres ? Pourquoi refuserions-nous tout bon sens aux nègres ? Le bon sens d’un chef de tribu n’a-t-il pas éclaté souvent dans les palabres, pour l’émerveillement de nos explorateurs ? Mais ce chef de la tribu et tous ceux de la tribu plaçaient de toute évidence leur pudeur autrement que nous, ce qui ne signifiait nullement qu’ils fussent dépourvus de pudeur plus que de bon sens.

Pour nous-mêmes, qui ne sommes pas des nègres, pour tel de nos concitoyens, par