Page:Franc-Nohain - Les Chansons des trains et des gares, 1900.djvu/204

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Combien de fois les admirai-je, tout petit,
                Les tableaux qu’en homme d’esprit,
                Simple de goûts, mais d’un goût sûr,
                L’aimable maître du logis
S’était complu, lui-même, à accrocher aux murs : —
                Un pauvre pêcheur qui a pris
En guise de poisson une vieille chaussure,
(Le désappointement est peint sur sa figure ;)
                Et puis deux gros curés qui jouent
Au piquet, ou bien au bésigue, — et l’on devine,
Tant l’artiste, subtil, sut varier leur mine,
                Ou joviale, ou bien chagrine,
                Que l’un, en main, n’a rien du tout,
                Et que l’autre a tous les atouts :

Comme art d’expression, la peinture est divine !

Pourtant plus que les curés, plus que le pêcheur,
                Un spectacle me tenait au cœur ;
Quand j’arrivais une angoisse étreignait ma gorge :
                    Tout à l’heure,
        Tout à l’heure, quand sonnera l’heure,
Le petit coq sortira-t-il encor de la grande horloge ?