Page:France - Saint Yves.djvu/115

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en donner le prix, et s’en retourna à pied à son manoir de Kermartin, qu’il était d’ailleurs bien pressé de revoir.

S’il faut en croire Maurice Geoffroy et ceux qui l’ont copié, notre pieux compatriote fut, comme les bons bretons, pris d’un ennui profond, loin de son pays ! Ce n’était pas cependant sa première absence, et il en était bien plus loin à Paris et à Orléans ; mais il arrive un moment où le besoin de revoir son village, ses parents, est comme irrésistible. D’ailleurs les Rennois, assez difficiles à gouverner, semblaient n’apprécier que bien peu tout le bien que faisait Yves parmi eux. C’étaient, dit Alain Bouchard, des gens litigieux, brigueux, pleins de subtiles tromperies, habitués il toutes déceptions et nouvelles cautelles de plaidoyeries.

Il est possible que, pour essayer de tromper la science de l’Official, ce soient les habitants de Rennes qui aient porté à son tribunal cette cause

singulière et plaisante à la fois. Un riche seigneur

aurait intenté un procès à un pauvre malheureux qui, passant près de sa cuisine, avait respiré l’odeur des mets succulents préparés pour son souper. Yves ne fut guère embarrassé, et pour payer le seigneur de la même monnaie, il fit sonner à son