Page:France - Saint Yves.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La renommée porta au loin le bruit de ce prodige, et de tout côté on ne parlait que de la sainteté du recteur de Louannec. Dès qu’on le voyait, on se sentait comme rassuré contre tous les malheurs. À une lieue de Tréguier, la route de Lannion traverse la belle vallée du Guindy. Un pont servait à passer la rivière assez rapide en cet endroit. Ce pont, brûlé dans un incendie, fut appelé depuis Pont-Ars ou pont Losquet. Un charpentier de Langoat, nommé Yves de Kerguézennec, avait fait marché de le reconstruire. Les ouvriers ayant mal pris leurs mesures, coupèrent les poutres beaucoup trop court, et il fut impossible de les mettre en place. Le maître, désolé, mesura et remesura plusieurs fois. C’était en vain. Il fallait abattre d’autres arbres et reprendre tout le travail. Tout à coup, on vit arriver le recteur de Louannec, qui se rendait à Kermartin. La confiance commença à revenir. Yves de Kerguézennec lui exposa son embarras en versant des larmes. « Vous n’avez peut-être pas bien mesuré, lui dit le saint prêtre, donnez-moi votre ligne que je mesure moi-même. » Il le fit et trouva les poutres beaucoup trop longues. Peu s’en fallut qu’on ne fut obligé de les diminuer. Les ouvriers ne purent s’empêcher de voir là un miracle écla-