Page:France - Saint Yves.djvu/289

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devant les tribunaux son honneur, sa fortune et sa vie, invoque saint Yves avec confiance et attend avec plus de calme les décisions de la justice. L’homme du peuple qui n’a pas oublié les épreuves du moyen-âge, où les parties contestantes s’en remettaient directement au jugement de Dieu lui-même, se croyant victime de quelque injustice, sans avoir les moyens de se défendre, ajourne son adversaire connu ou inconnu, devant le tribunal suprême où siège saint Yves-de-Vérité, et il demeure convaincu que celui qui a trahi la vérité, qui a forfait à son devoir, qui n’a pas respecté la justice humaine, mourra dans l’année, frappé par ce justicier implacable, qu’un vœu homicide vient de lui donner pour juge.

Telle est la croyance superstitieuse qui s’est perpétuée dans quelques campagnes bretonnes, et certains faits survenus par hasard ou non, semblent leur avoir donné raison. Il y a loin de là à ce qu’un célèbre romancier a appelé Notre-Dame de la Haine, qui, d’après lui, aurait un sanctuaire au pays de Tréguier. Nous ne pouvons que condamner cette déplorable pratique de vouer à saint Yves-de-Vérité. Pour couper court à cette superstition qui déparait le culte si pur et si dévot rendu universellement à