Page:France - Saint Yves.djvu/50

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le matin, l’épée au côté, et la déposaient au pied d’un arbre, pendant qu’ils dirigeaient leurs charrues ou maniaient la bêche et ensemençaient leurs sillons. Tel devait être Heloury, le seigneur de Kermartin. Saint Yves lui-même faisait travailler ses terres ; cela semble résulter du moins de quelques traits de sa vie. Nous voyons en effet que, dans une année de disette, il abandonna toutes les fèves de ses champs aux pauvres qui mouraient de faim. Une autre fois, son beau-frère l’empêcha de vendre son cheval de charrue, parce qu’il n’avait pas encore fait ses semailles ; et une ravissante légende nous représente le pieux enfant chargé par son père de garder, contre les oiseaux, un champ nouvellement semé.

Chaque seigneur tenait cependant à avoir un hôtel en ville, quand ses moyens le lui permettaient. Il s’y rendait l’hiver et pendant le carême pour entendre les sermons dans la grande église. Plus tard même, on passait la plus grande partie de l’année dans son hôtel. La ville y gagnait en richesses et en sécurité, mais la campagne voyait déjà avec déplaisir cet éloignement de la noblesse rurale. Aussi quelques seigneurs préféraient-ils avoir leurs manoirs à une faible distance de la ville, pour