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LE MARÉCHAL DE RICHELIEU.

On le voyait peu à la cour de Louis XVI ; et quand il y paraissait, c’était toujours avec le costume recherché de sa jeunesse. Sa démarche n’avait rien de pénible ; il affectait même une allure sautillante qui contrastait avec celle du duc de Fronsac, son fils, qui pouvait à peine se traîner, tant il était infirme et podagre, avec trente ans de moins que son père. Mais les succès de l’un étaient à la cour ; l’autre cherchait les siens dans la plus vile débauche.

Le maréchal avait épousé, en troisièmes noces et presque octogénaire, la belle madame de Roth, qui, par ce mariage, avait cherché à faire la fortune de deux enfants : une fille, mariée depuis au marquis de Ravenel, et un fils, page de la chambre.

La santé du maréchal ne lui permettait plus de faire à la cour son service, parfois assez fatigant, de premier gentilhomme de la chambre. On sait, du reste, qu’il se soignait beaucoup et que l’éclat de ses galanteries lui plaisait autant que la réalité. On se rappelle ces fameux bains de lait qu’il prit à Bordeaux, et qui, pendant un certain temps, dégoûtèrent la ville d’en faire usage, à cause du bruit qu’on répandit que ses valets de chambre le revendaient ensuite. C’était là une mauvaise plaisanterie renouvelée des âges féodaux. N’avait on pas, en effet attribué la même fantaisie à une demoiselle de Rohan, abbesse de Marqueite, qui aurait fait faire de la soupe à ses religieuses avec le lait dans lequel elle s’était baignée ?

À son entrée à Bordeaux comme gouverneur de la