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MADAME DUBARRY.

On sait les angoisses du pauvre maréchal, le jour de la présentation de madame Dubarry, le 22 avril 1769. Un coiffeur se fit attendre, et, par suite, fit attendre toute la cour qui, ce jour-là, était fort nombreuse et empressée pour voir une prostituée, revêtue du nom d’un mari qu’elle connaissait à peine, venir effrontément se présenter à l’élite de la France. L’heure était passée ; le roi impatient craignait qu’un délai ne devînt l’occasion de nouvelles instances de la part tant de ses fidèles sujets, jaloux de sa gloire, que de ses filles, dont il respectait la vertu. Le maréchal, troublé, presque désespéré, voyait que ce retard perdait sa protégée ; que si la présentation n’avait pas lieu, l’intrigue manquait. Les vrais amis de Louis XV triomphaient déjà, lorsque ce prince, au moment de congédier la cour, jetant un dernier coup d’œil à la fenêtre, s’écria tout à coup : « Voilà madame la comtesse Dubarry ! » Il avait, en effet, reconnu sa livrée. Le maréchal revint à lui. Le succès de son amie fut dès lors assuré. Bientôt elle fut reconnue maîtresse du roi, et eut l’appartement de madame de Pompadour, situé au-dessus de celui du roi, et occupé depuis par le duc de Villequier. Il communiquait chez le roi par l’escalier donnant à droite de la cour de marbre ; mais la véritable entrée était par un escalier étroit et obscur ; et quoique cet appartement fut plus grand que beaucoup de ceux de Versailles, il était assez incommode, parce qu’il y fallait de la lumière en plusieurs pièces, quand le temps était obscur.