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LES GARDES.

justice et des faveurs, durent se créer des ennemis, et par conséquent songer à se mettre à l’abri de la méchanceté et des rancunes des hommes que l’égoïsme rend toujours injustes.

Philippe-Auguste, durant le séjour qu’il fit dans la Terre-Sainte, établit, à la vérité, près de lui, des sergents d’armes, pour se mettre à l’abri des tentatives audacieuses du Vieux de la Montagne ; « et quant ledit roy ouït les nouvelles, si se doubta, forma et prist conseil de soy garder ; il eleut sergens à masses garnis et bien armés quy, nuict et jour, estoient autour de luy pour son corps garder. » Mais bien longtemps auparavant, Gontran, roi d’Orléans, voyant que ses deux frères avaient été tués, établit une grosse garde autour de sa personne, vers l’an 587. Et si cela entrait dans mon sujet, il me serait facile de rappeler, d’après Homère, qu’un soldat veillait à l’entrée de la tente d’Achille quand Priam vint le supplier. Mais je ne dois m’occuper ici que de la garde des rois telle que je l’ai vue et connue quelques années avant la Révolution. Je n’en parlerai même que postérieurement à la réforme de M. de Saint-Germain ; réforme qui n’eût point empêché la chute du trône, pas plus qu’elle ne l’a accélérée ; car ce qui l’occasionna, chacun le sait, ce ne fut point le défaut de défenseurs, ce fut et la sourde intrigue, et la trop grande bonté du monarque. À quoi ont servi, en effet, ces restes de troupes valeureuses ? Malgré leur imposante phalange, les marches du trône ont été brisées, les maîtres de l’empire ren-