Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/163

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
146
SOUVENIRS D’UN PAGE.

Le terrain à droite et à gauche du château s’abaissait sensiblement. On s’en apercevait surtout du côté de l’Orangerie, aux deux gigantesques escaliers qui ne comptent pas moins de cent quatre marches. L’exposition plus aérée, la vue plus étendue dont on jouit de ce côté, faisaient que toute la famille royale y logeait de préférence. Il y avait aussi bien des seigneurs de la cour qui y habitaient. Quoique les appartements qu’ils y occupaient fussent sombres et incommodes, étant situés sous les combles, ils les trouvaient toujours plus agréables, pour passer quelques jours à la cour, que les hôtels qu’ils avaient en ville. Obligés par leur charge d’être au château plusieurs fois le jour, ils n’avaient que ses galeries à traverser, sans être obligés de faire atteler leurs équipages qui restaient, ainsi que leurs cuisines, dans leurs hôtels.

La partie des logements était du ressort du grand maréchal des logis, dont la charge remontait aux premiers temps de la monarchie, où on l’appelait mansionarius, et qui était alors le marquis de la Suze. Il avait sous lui des maréchaux des logis qui, à l’armée ou en voyage, marquaient les logements du roi et de sa suite avec de la craie blanche, tandis que les logements des princes l’étaient avec de la craie jaune. Quand un logement était vacant dans le château de Versailles, il donnait lieu à une série d’intrigues et de sollicitations ; c’était à qui l’obtiendrait.

Les quatre ministres avaient leurs logements dans la première cour, mais leurs bureaux étaient placés